La
musique bretonne est l'expression musicale de la
Bretagne.
La culture celtique a inspiré les musiciens bretons qui, depuis quelques décennies, trouvent du succès au-delà des frontières de la Bretagne. Des influences de l'étranger, notamment des autres pays celtiques, ont enrichi la tradition du pays.
Pendant longtemps, la musique bretonne s'est partagée entre la musique festive (accompagnement des danses), la musique descriptive ou de circonstance (gwerzioù et chants de marins par exemple) et la musique religieuse (kantikou brezhoneg). La musique et le chant bretons sont marqués par les terroirs, et en partie, par la division linguistique en Haute-Bretagne (zone d'expression en gallo) et Basse-Bretagne (zone d'expression en breton).
En déclin depuis la fin de la 1re Guerre Mondiale, la musique bretonne a vécu un véritable renouveau dans la 2e moitié du XXe siècle. Parmi les nouveautés, on peut citer :
- la création des bagadoù à l'issue de la guerre,
- la réimplantation de la Harpe celtique en Bretagne,
- l'utilisation d'instruments hier inconnus : Cornemuse écossaise, Guitare, instruments amplifiés, percussions (batterie, percussions africaines),
- la multiplication des échanges musicaux avec les autres nations celtes (Irlande, Écosse, Pays de Galles, Cornouailles, Galice, Asturies),
- la création de structures spécialisés dans le collectage de la tradition musicale (Dastum, qui signifie « recueillir »), dans le chant (Kan ar Bobl), la musique instrumentale (BAS ou "Bodadeg ar Sonerion") ou la danse (Kendalc'h et War 'l leur),
- le développement de la chanson militante.
Tout cela a facilité l'éclosion de musiciens, à commencer par Alan Stivell, suivi par d'autres artistes créatifs (Tri Yann, etc.) qui ont actualisé des thèmes anciens par des sonorités d'aujourd'hui et combiné différentes musiques, favorisant la diffusion d'une musique bretonne élargie et diversifiée.
Musique traditionnelle et musique classique
Les instruments phares (
Biniou,
bombarde) utilisés en musique bretonne sont historiquement issus de vastes familles d'instruments semblables. Il s'agit d'instruments non tempérés : afin d'accorder une bombarde et un biniou ou deux bombardes entre elles, il fallait les tailler dans le même arbre, sinon leurs
harmoniques différaient et l'ensemble ne sonnait pas juste. Aujourd'hui encore, pour un joueur habitué à des tons précis, ces instruments, même accordés, ne sonnent pas juste. Vers la fin de la Renaissance, les instrumentistes ont progressivement adopté la
Gamme tempérée du
Solfège. Le
Hautbois est l'instrument issu de la correction progressive des instruments à vents traditionnels afin d'obtenir une note juste, c'est-à-dire qui sonne à la même hauteur quel que soit l'instrument. Fabriqués localement par des personnes peu soucieuses de cette précision tonale, les instruments traditionnels ont été très longs à adopter cette norme musicale. De fait, la musique bretonne peut sonner étrangement aux oreilles d'un mélomane habitué à la
gamme occidentale moderne. Les
octaves ne sont pas les mêmes, les
notes ne varient pas exactement par
demi-tons. Parfois, les
quarts de tons sont utilisés. De plus, du fait qu'il s'agit d'une mélodie massivement utilisée pour accompagner des danses et du fait des particularités des
danses bretonnes (par exemple la subdivision ou petits pas de certaines
gavottes), cette musique n'utilise pas toujours des temps de longueurs strictement semblables. C'est pourquoi il est difficile de noter les airs selon la notation de la musique classique qui ne peut donner une transcription parfaite de ces subtilités.
On peut faire le parallèle avec la situation du chant en Breton où règne le Kan ha diskan, qui, du fait de la nature tonale du breton alliée à l'utilisation de modes musicaux anciens, tranche avec le chant populaire courant en France, par exemple.
Dans beaucoup de régions et pays, les anciens instruments à vent traditionnels furent encore utilisés parallèlement au hautbois avant de disparaître à l'exception notable (mais pas seulement) de la bombarde qui a survécu en Bretagne, d'où certaines spécificités de la musique bretonne. En effet, après avoir failli disparaître dans le milieu du vingtième siècle, le jeu de couple (bombarde et biniou kozh) a repris une vigueur considérable; les festou noz et les concours de sonneurs attirent beaucoup de participants et spectateurs. Dans les années 1970, une intense activité de collectage d'airs de mélodie, de marche et de danse a été engagée à l'initiative des associations SKV (fondée par Georges Epinette) et Dastum, et a permis de sauver de nombreux airs.
Aujourd'hui, avec l'élargissement du contexte musical (groupes composés d'instruments variés, généralisation de l'amplification électrique, enregistrements en studio etc.), la gamme tempérée s'est généralisée. Cependant, certains musiciens modernes (Alan Stivell, Erik Marchand) restent attachés aux gammes non tempérées. De même, les pratiques locales maintiennent vivants les anciens modes musicaux.
Musique bretonne moderne
Quand on évoque la musique bretonne contemporaine, le premier nom qui vient à l'esprit est
Alan Stivell. À cela trois raisons : l'importance de l'oeuvre elle-même, d'une part, la chronologie et la popularité par ailleurs. S'il ne fut pas le premier à réutiliser la matière musicale traditionnelle (cf. le travail musical dans les
bagadoù avant - et avec - lui),
Alan Stivell a radicalement modernisé la musique bretonne et celtique en introduisant l'emploi d'instruments amplifiés (guitare électrique, guitare basse, synthétiseurs etc.).
S'ajoutant à son talent artistique, il a utilisé pour la première fois les moyens modernes et professionnels de promotion et de diffusion, et fait connaître sa musique au grand public sur tous les continents, à commencer par le public breton, auparavant majoritairement ignorant ou fermé à la musique de la Bretagne.
D'autres groupes utilisant des rythmes et des arrangements de type "rock" et dépassant aussi le cadre de la popularité régionale : Tri Yann, Stone Age, EV, Armens, Merzhin, Gérard Jaffrès, Krêposuk, Tri Bleiz Die. D'autres groupes utilisent aussi l'électronique depuis de nombreuses années comme l'électro-shaman Pascal Lamour.
Les instruments
L'image qui vient immédiatement à l'esprit quand on parle de musique bretonne est celle d'un couple de sonneurs ou celle d'un
Bagad, l'un et l'autre mettant en avant le
Biniou et la
bombarde. Si ces instruments furent très populaires, surtout en
Basse-Bretagne, où l'aire récente d'utilisation recouvre à peu près le terroir
gavotte, ce ne sont nullement les seuls instruments utilisés. D'ailleurs, le
biniou lui même est assez récent.
Autrefois, la harpe était utilisée, notamment à la cours des ducs de Bretagne. Mais elle a laissé peu de traces après l'époque ducale. Au début des années 1950, Alan Stivell et son père Georges Cochevelou, suivis par d'autres, ont oeuvré pour sa réintroduction. Elle est maintenant bien établie et connue sous le nom de Harpe celtique.
Au XIXe siècle, l'accordéon diatonique et la clarinette ont été introduits en Bretagne. Cette dernière a beaucoup plu par son ton chaleureux et parce qu'elle pouvait remplacer un chanteur dans le kan ha diskan. Comme dans les autres régions françaises, elle a souvent reçu un surnom, en breton elle porte un nom plus affectif que dépréciatif : treujenn gaol ("trognon de chou").
Bien d'autres instruments ont été et sont encore utilisés : Veuze, vielle à roue, violon. Plus récemment est apparue la guitare, dont la vocation a d'abord été d'accompagner les chansons (cf. Glenmor) puis utilisée pour rythmer les danses, enfin instrument soliste grâce au talent de quelques guitaristes (Bernard Benoît, Dan Ar Braz, Soïg Sibéril).
Références
Bibliographie
- Collectif, Musique bretonne, histoire des sonneurs de tradition, éditions Le Chasse-Marée / Ar Men, ISBN 2903708673
- H. Corbes, Abrégé d’histoire de la musique bretonne, revue GWALARN, numéro 104-105, Juillet-Août 1937. Traduction en français du texte original sur le site de l’association Son ha ton ou sur Vitrifolk
- René Abjean, La musique bretonne, 1974, éd° Jos Le Doaré, Châteaulin, Finistère
- Goulc'hen Malrieu, Guide de la musique bretonne, 1993, édit° Dastum, Rennes
- Roland Becker et Laure Le Gurun, La musique bretonne, 1994, éd° Coop Breizh. ISBN 290992419X
- Yves Defrance, L'archipel des musiques bretonnes, 2000, éd. Actes Sud, Arles, 186 p. avec un disque compact. ISBN 2742725237
Voir aussi
- Chants de marins : même s'ils ne sont pas bretons par nature, les chants de marins sont très présents dans le paysage musical sur tout le pourtour de la Bretagne.
- Musique celtique
Textes et techniques musicales
Événements
Instruments
Musiciens et groupes contemporains
Liens externes